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《三個火槍手》中法對照5

  D'Artagnan jeta alors un coup d'oeil inquiet et rapide sur le champ de bataille.

  Aramis avait déjà tué un de ses adversaires ; mais l'autre le pressait vivement. Cependant, Aramis était en bonne situation et pouvait encore se défendre.

  Bicarat et Porthos venaient de faire coup fourré. Porthos avait reçu un coup d'épée au travers du bras, et Bicarat au travers de la cuisse. Mais comme ni l'une ni l'autre des deux blessures n'était grave, ils ne s'en escrimaient qu'avec plus d'acharnement.

  Athos, blessé de nouveau par Cahusac, pâlissait à vue d'oeil, mais il ne reculait pas d'une semelle : il avait seulement changé son épée de main, et se battait de la main gauche.

  D'Artagnan, selon les lois du duel de cette époque, pouvait secourir quelqu'un ; pendant qu'il cherchait du regard celui de ses compagnons qui avait besoin de son aide, il surprit un coup d'oeil d'Athos. Ce coup d'oeil était d'une éloquence sublime. Athos serait mort plutôt que d'appeler au secours ; mais il pouvait regarder, et du regard demander un appui. D'Artagnan le devina, fit un bond terrible, et tomba sur le flanc de Cahusac en criant :

  - A moi, monsieur le garde, je vous tue !

  Cahusac se retourna ; il était temps. Athos, que son extrême courage soutenait seul, tomba sur un genou.

  - Sangdieu ! criait-il à d'Artagnan, ne le tuez pas, jeune homme, je vous en prie ; j'ai une vieille affaire à terminer avec lui, quand je serai guéri et bien portant. Désarmez-le seulement, liez-lui l'épée. C'est cela. Bien ! très bien !

  Cette exclamation était arrachée à Athos par l'épée de Cahusac, qui sautait à vingt pas de lui. D'Artagnan et Cahusac s'élancèrent ensemble, l'un pour la ressaisir, l'autre pour s'en emparer ; mais d'Artagnan, plus leste, arriva le premier et mit le pied dessus.

  Cahusac courut à celui des gardes qu'avait tué Aramis, s'empara de sa rapière, et voulut revenir à d'Artagnan ; mais sur son chemin il rencontra Athos, qui, pendant cette halte d'un instant que lui avait procurée d'Artagnan, avait repris haleine, et qui, de crainte que d'Artagnan ne lui tuât son ennemi, voulait recommencer le combat.

  D'Artagnan comprit que ce serait désobliger Athos que de ne pas le laisser faire. En effet, quelques secondes après, Cahusac tomba, la gorge traversée d'un coup d'épée.

  Au même instant Aramis appuyait son épée contre la poitrine de son adversaire renversé, et le forçait à demander merci.

  Restaient Porthos et Bicarat. Porthos faisait mille fanfaronnades, demandant à Bicarat quelle heure il pouvait bien être, et lui faisait ses compliments sur la compagnie que venait d'obtenir son frère dans le régiment de Navarre ; mais, tout en raillant, il ne gagnait rien. Bicarat était un de ces hommes de fer qui ne tombent que morts.

  Cependant il fallait en finir. Le guet pouvait arriver et prendre tous les combattants blessés ou non, royalistes ou cardinalistes. Athos, Aramis et d'Artagnan entourèrent Bicarat et le sommèrent de se rendre. Quoique seul contre tous, et avec un coup d'épée qui lui traversait la cuisse, Bicarat voulait tenir ; mais Jussac, qui s'était relevé sur son coude, lui cria de se rendre. Bicarat était un Gascon. comme d'Artagnan ; il fit la sourde oreille et se contenta de rire, et entre deux parades, trouvant le temps de désigner, du bout de son épée, une place à terre :

  - Ici, dit-il, parodiant un verset de la Bible, ici mourra Bicarat, seul de ceux qui sont avec lui.

  - Mais ils sont quatre contre toi ; finis-en, je te l'ordonne.

  - Ah ! si tu l'ordonnes, c'est autre chose, dit Bicarat ; comme tu es mon brigadier, je dois obéir.

  Et, en faisant un bond en arrière, il cassa son épée sur son genou pour ne pas la rendre, en jeta les morceaux par-dessus le mur du couvent et se croisa les bras en sifflant un air cardinaliste.

  La bravoure est toujours respectée, même dans un ennemi. Les mousquetaires saluèrent Bicarat de leurs épées et les remirent au fourreau. D'Artagnan en fit autant, puis aidé de Bicarat, le seul qui fût resté debout il porta sous le porche du couvent Jussac, Cahusac et celui des adversaires d'Aramis qui n'était que blessé. Le quatrième, comme nous l'avons dit, était mort. Puis ils sonnèrent la cloche, et, emportant quatre épées sur cinq ils s'acheminèrent ivres de joie vers l'hôtel de M. de Tréville.

  On les voyait entrelacés, tenant toute la largeur de la rue, et accostant chaque mousquetaire qu'ils rencontraient, si bien qu'à la fin ce fut une marche triomphale. Le coeur de d'Artagnan nageait dans l'ivresse, il marchait entre Athos et Porthos en les étreignant tendrement.

  - Si je ne suis pas encore mousquetaire, dit-il à ses nouveaux amis en franchissant la porte de l'hôtel de M. de Tréville, au moins me voilà reçu apprenti.[1][2][3][4][5]

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